Les poèmes de Viviane Colin qui composent le recueil Eclats de vers sont des paroles comme murmurées : elles maintiennent le souffle, le retiennent et le reprennent, le prolongent en réponse à l’épreuve de l’extrême. Ils constituent des instants marqués par la tension entre l’indicible et le dire.
Dire l’absence, la reconnaître présente, si présente dans la perpétuation d’une parole qui reste sur le fil tendu de la perte. La parole est un sursaut qui répond à la secousse. Le partir précipité, définitif, irrévocable. Devant les cendres, trouver le centre. S’orienter dans l’été désorienté. Lactée, la voie est de poussières précieuses, pépites de lumière. Si lointaine, mais que l’oeil retient. Car la vie est infinie, dans la pluralité de ses manifestations, des parts dont témoigne « le panier des mots ». Avec ces provisions, nous traversons la prairie des vers, l’hiver, dans le parcours possible de la poésie, reprise incessante du souffle, dans le retour à la ligne, silence respecté et prolongé dans le divers des traits, des formes et des couleurs. L’art est l’arme, toujours, contre toute perte.