Un garçon aux boucles brunes passe ses vacances chez ses grands-parents, Yaya et Papou. Un jour, son Papou lui raconte l'origine de la cicatrice qui traverse son visage, le résultat d’une rencontre malheureuse avec un rasoir dans un salon de coiffure ; le garçon apprend alors que tout le monde porte une trace de son histoire. Il s’en étonne, Papou lui propose de se promener et d’observer cette vérité de ses propres yeux. Le grand-père a pu voir toutes sortes de corps dans son cabinet de médecin, il a appris à écouter les histoires derrière les maux. Dans la rue, le duo tombera sur Hakim, au dos tordu pour avoir carrelé pendant quarante ans, Maryline qui cache sous ses gants l’eczéma que lui provoquent la mauvaise ambiance et les reproches incessants au bureau et bien d’autres encore, aux corps marqués par leur vécu. À travers ses descriptions, Papou offre une clé de compréhension à son petit-fils et l’encourage à déceler la beauté qui se dissimule dans chaque personne/corps qu’ils rencontrent.
Médecin généraliste, écrivain et chroniqueur, Baptiste Beaulieu rend hommage aux stigmates de la vie, au courage souvent nécessaire pour les assumer. À travers ce premier album jeunesse, il milite pour davantage de bienveillance envers son propre corps et les limites de celui-ci, proposant d’étendre cette générosité envers les histoires gravées dans le corps de ceux qui nous entourent. Réalisées à l’aquarelle, les illustrations chatoyantes invitent le lecteur à suivre les deux héros en balade dans les rues multiculturelles de Paris, les scènes du quotidien urbain alternant agréablement avec les portraits plus intimistes. Lorsque l’illustratrice Qin Leng représente l’histoire de l’un des personnages, elle n’oublie pas d’inclure les regards des passants : regards d’étonnement et de moquerie envers un corps différent, regards blessants qui nourrissent la critique intérieure.
Un bel album touchant, bravo.