Papa doit conduire Mathieu à la crèche mais, au moment de démarrer, la vieille voiture verte a bien du mal. Arrivés à bon port quand même, lorsque Papa embrasse Mathieu et qu’il lui dit « à ce soir », Mathieu s’inquiète « et si,à » Si la voiture ne démarre pasà ?
Le dialogue entre le père et son fils répond au schéma classique et sià alorsà Le fils pose une objection fatale. Le père trouve une solution improbable qui donne espoir, lève l’obstacle et permet de continuer le jeu. Donc tour à tour, le père envisage de changer la vieille voiture verte pour le tracteur rouge du voisin ; puis Martin le doudou pour pallier le tracteur ; puis les oiseaux pour suppléer le doudou paresseux etcàLes moyens de transport les plus fantaisistes y passent : le bateau, les lapins en guise de patins à roulettes, le souffle du dragon. A chaque fois, Mathieu invente un empêchement. Les oiseaux sont occupés par leurs petits, les lapins vont voir leur mamie et le dragon est parti chasser, autant d’excuses plus valables les unes que les autres. Jamais à court d’imagination papa répond et la chute est à la hauteur des inquiétudes de Mathieu.
Ecrits dans une langue riche sans être obscure ou difficile, les dialogues progressent avec bonne humeur, farfelus, joyeux, proches de ce que connaît l’enfant, son doudou, sa mamie, les personnages des contes. Le père est au niveau de son fils dans l’imaginaire, il ne traite pas par le mépris l’inquiétude vitale « et si tu m’oublies ou m’abandonnes », il objecte pied à pied et remporte « la victoire » ! Les illustrations accompagnent l’histoire : personnages souriants, un peu décalés ou vieillots comme le fermier ou le dragon, couleurs vives et expressions simples, les illustrations d’Aurélie Guillery orchestrent le récit avec élégance.