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La chaîne France 5 a réalisé une série de documentaires intitulée « Les chemins de l'école », qui vise à montrer la façon dont les enfants vivent et grandissent dans d'autres pays, d'autres cultures que notre Occident reconnaissable. Devi, pré-adolescente d'un village-île sur la côte de la mer du Bengale, en Inde, fait partie de ces écoliers « pas comme les autres ». Sa famille pauvre a marié ses deux sœurs aînées, mais essaie de préserver l'avenir des plus jeunes : elles feront quelques études, même si le chemin de l'école, donc, passe par des rivières à traverser, des forêts à arpenter, une longue route qui fatigue Devi dès le petit matin. La jeune fille est persévérante, pleine d'espérance dans son projet de devenir médecin, et ses deux amies l'accompagnent. La solidarité est de mise dans ce petit monde si loin du nôtre, où il faut aller chercher l'eau au puits et où les enfants font la lessive pour aider les parents. Raconté en « je » de manière simple et certainement calquée sur la série télévisée, abondamment illustré d'images issues du même documentaire, le petit ouvrage offre une jolie et sage découverte. C’est à Kalingapatnam, un village-île sur la côte de la mer du Bengale, que Devi, petite indienne de 13 ans, est prête à parcourir des kilomètres à travers plaines et rivières pour atteindre son école à Kusumpuram. Ces épreuves, Devi est prête à les affronter pour accomplir son rêve : devenir docteur et ainsi soigner les plus démunis de son village.

Dans l’arène d’un bac à sable, le chaperon rouge et les trois cochons ont maille à partir avec le loup. Sur le mode du « quand je serai grand, je serai à », ils imaginent les pires supplices pour punir le grand méchant loup. Avec un mélange de délire et de surenchère verbale, les personnages de contes se vengent par anticipation puisque tous sont vivants et n’ignorent rien de leur destin fatal. Leur univers est délibérément enfantin, ils veulent être pompier, policier, magicien, fermier. Leur langage sur le mode futur très quotidien est discordant par rapport au personnage de leur conte. Tous sont des fiers-à-bras. Les scènes sont construites en deux temps : l’imagination de leur futur « moi, je seraià », suivie d’une déclaration d’intention, « j’éclabousserai le loup / je le mettrai en prison / je piquerai les fesses du loup ». Le ton des enfants, leur discours tellement proche de celui qu’on entend dans les cours de récréation introduit un délicieux décalage avec ce que l’on connaît des personnages de fiction. La chute est savoureuse : il faut imaginer aussi le loup enfant ! Un plaisir d’illustration accompagne ce jeu de rôles. Nous identifions les personnages sans qu’ils soient nommés. Leurs mimiques les apparentent à des enfants du réel alors qu’ils sont tout aussi fictifs que les personnages qu’ils représentent. Jeux de rôle et désir de dominer les peurs, histoires traditionnelles ou variations multiples pleines d'humour, un livre pour petits à la longue postérité.

Un renard affamé rencontre une oie bien dodue, l’invite dans sa cuisine... et l’oie accepte l’invitation. Mais l’affaire se complique, car question soupe, ils n’ont pas DU TOUT la même recette ! Quel rôle jouera l’oie dans la recette du rusé renard ?

Entre L.A. et Vegas, de nos jours. Déçue par Hollywood, Becky a décidé de se recentrer sur l'essentiel : sa famille et ses amis. Et il y a urgence ! Car pendant que Becky comprenait dans la douleur que les coulisses de l'usine à rêves sont peu reluisantes, Tarquin, le mari de Suze, disparaissait, comme hypnotisé par un gourou New Age aux intentions pas très love and peace, tandis que Graham, son père, partait à la recherche d'un vieil ami détenteur d'un lourd secret. C'est donc dans un combi Volkswagen du meilleur goût que Becky, son époux, sa fille, Suze, sa mère et la meilleure amie de cette dernière se lancent on the road. Au programme : rodéo parties, foires d'art contemporain campagnard, et les paillettes de Vegas. Et à l'arrivée, pour notre accro préférée, une révélation : le shopping, c'est bien, la famille, c'est encore mieux...

En l'an 1118, le célèbre théologien Pierre Abélard est sollicité par un influent chanoine pour parfaire l'éducation de sa ravissante nièce, Héloïse. D'une réputation irréprochable, Abélard n'a qu'une seule et unique maîtresse : la dialectique. Mais les charmes irrésistibles d'Héloïse s'apprêtent à lui faire découvrir une dimension jusqu'alors inconnue : l'amour fou, quel qu'en soit le prix à payer. Le plus grand logicien de son temps et sa jeune et brillante élève se laissent alors emporter par une passion au-delà de toute rationalité. Partant du principe que l'essentiel de l'amour tient dans la rencontre entre deux corps - idée trop souvent occultée par la bienséance, y compris par Héloïse et Abélard dont la célèbre correspondance n'évoque qu'entre les lignes l'aspect charnel de leur liaison - Jean Teulé, plus rabelaisien que jamais, s'est donné pour but de combler certaines lacunes. Et qui mieux que ce trouvère d'aujourd'hui pour chanter la folie de ces deux amants éternels ? Qui mieux que lui pour oser s'emparer du couple le plus mythique de l'histoire médiévale et relater, avec la joyeuse obscénité de l'époque, leurs pratiques érotiques ? Car il en fallait du courage, du talent, de la rage d'écrire pour faire naître un tel texte, transgressif, débridé, ambitieux et pétri de l'amour de ces deux amants légendaires, à jamais enlacés dans le même tombeau du Père Lachaise. Grâce à cette version punk de la romance d'Héloïse et Abélard, Jean Teulé nous met en bouche un amour qui touche au divin, et nous fait, à nous, simples mortels, entrevoir l'absolu.

En dépit de la nourriture que ses parents lui imposent et qu’il rejette avec constance, Élie Élian s’attarde à l’arrière du restaurant qui s’est ouvert dans son quartier. Les gestes qu’il observe, les effluves dont il se délecte sont une révélation : il sera chef-cuisinier. Son passage dans l’établissement de la veuve Maudor sera déterminant. Elle l’initie à l’amour fou et lui offre d’exercer son incroyable génie culinaire. Puis ses errances dans un Paris en proie aux émeutes le mèneront jusqu’au Trapèze, le restaurant où son destin de magicien des sens, des goûts et des saveurs s’accomplira.

Dans ces terres cévenoles gorgées de soleil où il a trouvé refuge, le jeune Catalan Emilio incarne, malgré lui, la figure de l'estranger. Ouvrier agricole au domaine des Grandes Terres, respecté pour son sérieux et son expertise de la vigne, le jeune homme n'oublie pas les siens et la sourde menace qui plane sur son pays. Lorsqu'il rencontre un soir de printemps 1936 Justine, la fougueuse fille de son patron, son destin bascule. Ils sont aimantés l'un vers l'autre en dépit de tout ce qui les sépare. Mais quand Sébastien Rochefort, grand reporter, lui propose de l'accompagner en tant qu'interprète pour couvrir le conflit qui, déjà, gronde de l'autre côté de la frontière, Emilio doit choisir. Vite. Peut-il renoncer à ses profondes convictions, abandonner les siens, et Maria, sa fiancée de toujours, qui l'attend là-bas ? Roman sur l'exil, la fraternité, l'engagement, les tourments du cœur, Le Goût du soleil est une grande fresque cévenole à la fois intimiste et universelle.

BELLE-ÎLE-AU-TRÉSOR AUTEUR : MOKA ILLUSTRATEUR : CAROLINE AYRAULT EDITEUR : ALBIN MICHEL JEUNESSE Mai 2016 - 11.90 Euros Trois histoires s'enchaînent, sans lien les unes avec les autres si ce n'est leur façon enjouée de surmonter des épreuves de toutes sortes. Dans la première, un petit garçon créatif devient ami avec un autre, gravement malade, et lui enseigne le pouvoir bien concret de l'imaginaire : l'esprit peut avoir, dans certains cas, le dessus sur un corps défaillant. Dans la seconde, deux cousines deviennent enfin copines en partant à la recherche d'une poupée disparue. Elles comprennent que les apparences sont souvent trompeuses : la sage petite fille est imbuvable, tandis que le voisin bègue un peu effrayant se montrera charmant. Dans la dernière histoire, une maîtresse d'école se retrouve coincée avec sa classe dans un chalet à la montagne. Il faudra faire à manger, occuper les enfantsà pendant une longue semaine. L'institutrice débutante s'en sortira comme une cheffe. Voilà voilàà Il n'y a pas grand-chose d'autre à préciser sur ces histoires destinées à des lecteurs de 8/10 ans, si ce n'est qu'elles sauront propager leur bonne humeur sans faillir. Illustrées en couleurs de façon assez convenue, elles portent des valeurs que personne n'ira remettre en cause û surtout la première, poignante û. Parfait pour s'entraîner à la lecture, donc

Anna Lisa trouve que le plus beau métier du monde, c'est redonner le sourire aux personnes tristes. Vêtue d'une blouse blanche (comme sa maman psychiatre), la fillette teste ses compétences d'apprentie psy sur Edouard, un garçon de sept ans qui traîne son spleen. La méthode utilisée par Anna Lisa n'est peut-être pas très orthodoxe, mais elle a le mérite de redonner le goût de vivre à un père dépressif qui ne s'occupait plus de son fils (Edouard). Après une brève mise au point avec sa mère, la fillette promet de ne plus recommencer. Jusqu'à la prochaine foisà Avec sa façon naïve et innocente d'aider son prochain, l'héroïne d'Eoin Colfer transmet sa joie de vivre aux enfants touchés par des problématiques d'adultes. «Docteur Bonheur» a du pain sur la planche avec tous ces petits patients tristes qui peuplent la salle d'attente de sa maman, mais elle ne manque ni de courage ni d'inventivité. Un premier roman joliment ficelé et bien écrit sur un sujet sensible.

Diva est une petite chienne de bonne famille, Filou un chat des rues aguerri. Elle n'ose pas sortir la patte au-delà du portail de son immeuble où sa maîtresse est gardienne, il vagabonde un peu partout sans jamais se fixer. Rien ne les prédestinait à se rencontrer, ils vont pourtant s'adorer en quelques après-midis. Filou apprend à Diva à ne pas avoir peur des « PIEDS ! » qui font « clac-clac » et lui montre la Tour Eiffel au coin du pâté de maisons. Diva explique à Filou ce qu'est un bon petit « des-jeux-nez » ou un « dix-nez » et lui fait apprécier le confort d'un foyer, l'importance d'un amour humain. Ensemble mais pas tout le temps, ils trouvent leur place dans l'avenue Le Play, Paris, France. Ah, ce joli Paris de carte postale ! Bouches de métro ciselées, trottoirs tout propres, verdure partout, boutique de charcuterie à l'ancienne, etc. Mais peu importe, puisque nous sommes dans un univers merveilleux où les animaux parlent et agissent comme des humains. Et franchement, c'est réussi. Une variation douce de La Belle et le Clochard, Disney des grandes heuresà Mo Willems fourmille de petites idées et les suit jusqu'au bout pour le plaisir des enfants. Il cabotine et brode une belle histoire d'amitié qui apaise les différences. Il reste léger et nuancé, introduisant en filigrane des émotions graves que peuvent connaître les enfants : la solitude (Filou), la crainte (Diva). Expressifs avec brio, le crayon et les couleurs de Tony DiTerlizzi sont les loupiotes sur la Tour Eiffel de cette première lecture, tome unique, aussi classique que séduisante

Tout est dans le titre ! « Au secours mon père se remarie », annonce clairement le thème. Sur le principe de la vie d’une petite communauté constituée par les familles d’un immeuble, les auteure-illustratrice Alice Brière-Haquet et Eglantine Ceulemans construisent un univers vraisemblable autour des questions de société. Vouloir être fils unique ou porter des enjeux trop lourds, sont les tracas vécus par Gaspard Beaujouan, ou Julie, Léa ou Paul Tessier, ses copains, qui mettent en scène leurs parents et leurs problèmes quotidiens. Le roman présent met donc en jeu Gaspard, habitué d’une certaine façon à vivre avec sa mère et à avoir avec son père - Zack ainsi que tout le monde le nomme - des relations de copain. Or, un soir, dans un restaurant chic, tellement éloigné des habitudes paternelles que cela en est suspect, Zack annonce à Gaspard, qu’il va se remarier ! Cette nouvelle le bouleverse tout comme sa mère. Immédiatement, Gaspard réunit ses amis pour un remue-méninge stratégique. Comment éviter cela ? Les filles en particulier ont des idées. L’auteure s’amuse avec ses personnages. Les idées sont révoquées les unes après les autres et l’ensemble forme un argumentaire intéressant sur comment accepter les choix faits par les adultes, même s’ils ne sont pas irréprochables.

Depuis sa naissance, Chien Pourri a avalé cent cinquante-sept saucisses avariées, bu trois litres et demi d’eau de Javel et a même failli s’empoisonner avec de la mort aux rats. Tout ça parce que dans sa poubelle, Chien Pourri ne sait pas lire les étiquettes ! Mais aujourd’hui, c’est fini : Chien Pourri va à l’école. Réussira-t-il à faire le beau devant sa maîtresse, à ne pas s’endormir au cours de maintien ? À jouer au foot à la récré sans servir de ballon ? Et surtout apprendra-t-il à lire pour déchiffrer les étiquettes dans sa poubelle ? Bon courage, Chien Pourri !

Il était une fois un sultan très gourmand. Possédant l’unique dattier de Zanzibar, il en attendait les fruits avec impatience. Demain, lui dit son jardinier ! Le sultan se met alors à craindre qu’on ne lui vole ses dattes : il demande à son fils aîné de monter la garde toute la nuit. Las, le fils s’endort, un oiseau vole les dattes et le sultan bannit son fils dès le lendemain matin. Consolé par sa femme, il décide d’attendre l’année suivante. Et le dattier, à nouveau, prodigue de fruits, le sultan demande à un de ses enfants de surveiller l'oiseau avant qu’il ne se régale. Mais le fils s’endort encoreà L’histoire se répète sur plusieurs années jusqu’à ce que le dernier fils, plus malin et profitant de l’expérience des autres, parvienne à arrêter l’oiseau, dont il se fait d’ailleurs un ami. Il aura bien besoin de l’aide de ce nouvel allié lorsque le chat du sultan, devenu énorme car trop nourri de souris, commencera à attaquer les soldats du royaumeà Sous ses allures de conte exotique au déroulement classique, l’histoire inédite retiendra notre attention, sans oublier qu’elle est surtout très très drôle. Il est possible de la scinder en deux parties : les dattes, puis le chat, mais l’auteur réussit à préparer la suite dès les premières pages, et à lier aussi les histoires par le biais de l’oiseau, adjuvant miraculeux. De fait, tout coule dans le rire et les ritournelles : « Demain, les dattes de mon dattier ! », « Yapud’datpapa »à Les illustrations très expressives, voire caricaturales (le minuscule sultan et ses lunettes) complètent une lecture pour débutants plus qu’agréable.

Laurie-Anne se rend à l'animalerie avec sa maman : aujourd'hui, elle va choisir un chien. Enfin, non : aujourd'hui, un chien va la choisir. Or donc, Crumble (aux pommes) a beaucoup de questions à poser à sa nouvelle future potentielle maîtresse. A-t-elle déjà eu des animaux ? Qu'a-t-elle prévu pour le nourrir ? Où sera situé son panier ? Etc. Laurie-Anne et sa maman courbent l'échine devant leurs erreurs, se réjouissent de marquer des bons points. Finalement, Crumble accepte de les suivre, pour la plus grande joie de la petite fille. Elle repart en tenant fièrement en laisse son toutou, lequel pense de son côté qu'il a trouvé une maison où il pourra facilement dicter sa loi ! Plein de bonne humeur grâce à sa situation originale, son texte simple et ses dessins vivants, le petit roman n'en reste pas moins extrêmement pertinent sur les besoins et la façon de s'occuper d'un chien. Il se lit d'abord en riant (ah, les oreilles de Crumble), se reprend avec tendresse, et finalement se réfléchit avec ses sages conseils : adopter un animal est une vraie responsabilité

Lubin et Lou sont des jumeaux, les plus jeunes d'une famille de loups-garous. Très bien organisées, les trois générations unies déménagent dans la forêt. La maison comprend une partie humaine et une partie tanière, à utiliser lors des transformations. Avec cette nouvelle habitation, Lubin et Lou sont désormais à proximité de l'école des humains. Les deux petits loups s'y rendent donc pour la première fois, un peu inquiets, assez curieux. Ils vont y rencontrer Arnold, lequel devine leur secret et devient leur meilleur ami. L'histoire, simple mais bien pensée, traite évidemment de différence, de tolérance, d'amitié. Il s'agit ici d'une introduction au cours de laquelle les personnages, les lieux, le cadre général sont donnés sans vraiment de particularités qui distingueraient Lubin et Lou d'enfants humains (juste un épisode d'oreilles pointues dans les toilettes de l'école). Mais le deuxième tome de la série peut se révéler prometteur, grâce justement à ces bases solides et des héros originaux aux caractères certains. Le dessin sage de Marion Duval accompagne l'histoire plaisamment, avec sa touche d'étrangeté dans les sourcils bien fournis de la famille.